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Références et démarche artistique

Suite à l'étude de la relation sculpture/photographie,  je rebondis sur l'actualité d'une démarche photographique émergente : le constat qui s'impose à la vue de l'exposition "reGénération", qui a eu lieu à la galerie Azzedine Alaïa, dans le 4ème arrondissement de Paris, selon lequel les photographes "de demain" (en effet, il s'agissait d'une exposition internationale d'étudiants dans des établissements de renom) adoptent majoritairement un point de vue commentateurs de la société contemporaine, plutôt que d'observateurs bruts. Ainsi, les photographies présentées sont moins le reflet fidèle du monde, qu'une interprétation photographique de ce monde. On assiste à l'émergence d'un monde photo.graphique, d'un univers imaginaire et critique. 

Ce constat, reconnu à l'unanimité par la critique, ne peut que faire écho à la démarche dans laquelle s'inscrit ma démarche photographique. 

Dans ce même élan, et comme référence, je souhaite citer le travail de Rodrigo Facundo, un artiste de nationalité colombienne, qui a été exposé à la galerie Mor.Charpentier dans le 3ème arrondissement de Paris. Je souhaite prendre l'exemple de sa phototgraphie "Menosunomasuno", issue de la série "Teatrinos" 2010, laquelle a nécessité en amont une construction d'une maquette qu'il nomme "théâtre". L'artiste dénote un point de vue engagé en soutenant les revendications de la société colombienne. Le travail du photographe Facundo est l'illustration, pour moi, d'une nouvelle approche photographique contemporaine, qui, par le biais d'une mise en scène (qu'elle soit antérieure ou postérieure à la prise de vue) est la représentation d'une réflexion sur une contemporanéité commune. La photographie plasticienne contemporaine semble proposer des réels possibles, ou un ensemble de réalités parallèles. 









































Cette démarche plastique contemporaine, me semble s'inscrire dans la tradition pictorialiste, qui défend la prééminence de l'image sur le réel photographié, et par là renvoie à un courant photographique majeur du 20ème siècle. Se référant à l'esthétique de la mimésis, on peut citer le travail de l'artiste Thomas Demand : l'artiste construit des maquette à échelle 1, qu'il photographie. Par la suite il détruit la maquette et ne conserve que le cliché, agrandit à échelle réelle. Son travail présente une réflexion critique sur l'Allemagne de l'après-guerre. 















































Je souhaite m'intéresser à la problématique de la mise en scène dans la photographie contemporaine et ce grâce à l'étude de la relation entre la maquette et la photographie. Le mot maquette, vient de l'italien "machietta" qui signifie "ébauche"et du diminutif de "macchia", la "tâche". Maquette, se définie par :

" - 1. Une représentation en trois dimensions, le plus souvent à échelle réduite, mais fidèle dans ses      proportions, d'une construction

- 2. Un ensemble de pièces à monter pour obtenir une reproduction en modèle réduit de quelque chose

-3. Projet plus ou moins poussé, destiné à définir une structure" (source Larousse). 

Une relation très nette semble jouer sur les oppositions d'ordre esthétiques intrinsèques à l'Histoire de la Photographie et à l'Histoire de l'Art d'une manière globale : il s'agit de la mimésis et du pictorialisme. La maquette brouille les pistes. Elle est productrice d'imaginaire. Le titre de la série de Facundo est "Teatrinos" ou "théâtre" en italien. Le procédé artistique consiste à photographier une maquette. La maquette est ici portée au rang de théâtre. Les différentes définitions du mot "théâtre" s'entendent : le théâtre est le lieu de la représentation et l'art de la représentation. Dans la photographie "Menosunomasuno", le spectateur croit d'abord à une photographie de reportage, hyper réaliste. Une ville, au loin, se distingue dans un épais brouillard. La prise de vue a effacé les voilages utilisés pour créer l'impression de brouillard. L'artiste cache cependant toujours un indice permettant à l'oeil de déjouer l'artifice. Le procédé utilisé inscrit ce travail dans la lignée pictorialiste, en proposant l'image d'une scène de théâtre hyper réaliste, et seul le choix du photographe de révéler l'artifice permet au spectateur de situer la photographie et assoit formellement la supériorité de l'image photographique sur le réel photographié. La photographie propose un index de l'objet réel (cf. Notes sur l'index de Rosalind Krauss) Charles S.Pierce, dans son Dictionnary of Philosophie and Psychologie, propose de définir l'index (ou indice) comme suit : "un indice est un signe ou une représentation qui renvoie à son objet non pas tant parce qu'il a quelque similarité ou analogie avec lui ni parce qu'il est en caractères généraux que cet objet se trouve posséder, que parce qu 'il est en connexion dynamique (y compris spatiale) et avec l'objet individuel d'une part et avec le sens ou la mémoire de la personne pour laquelle il sert de signe, d'autre part".  La maquette photographiée est un index de la réalité. 

 

     

Je photographie des maquettes de paysages qui débouchent sur la construction d'un univers original, existant par et pour le médium photographique. Ma recherche  sur la relation maquette/photographie, en référence au travail du photographe Facunco ou encore Thomas Demand, s'intéresse à la mise en scène de l'image photographique, c'est à dire à sa construction. La photographie magnifie les matériaux, je les choisis volontairement très simples, comme le papier ou le coton. 

J'engage une réflexion sur la photographie de maquette qui problématise la question de l'échelle (le cadrage et le format du tirage), de la représentation (la mise en scène) et enfin de l'indice, par la photographie de la confrontation simultanée de l'installation et de l'image qu'elle produit.​

Je me positionne dans un travail qui veut rendre compte d'une dimension spirituelle. Mes photographies témoignent d'une installation en mouvement qui marque l'écoulement du temps, métaphore de la vie, comme le passage de l'infini, depuis l'infini, vers l'infini... Ma démarche photographique veut enfin poser la question de la médiation de l'information, contemporaine et brûlante.

 

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